Permaculture et agriculture urbaine, la solution durable pour nourrir la planète ?

Permaculture et agriculture

Alimenter 9 milliards d’êtres humains d’ici 2050, est-ce réalisable sans mettre en péril notre environnement ? Sachant qu’une personne sur neuf souffre encore de la faim selon un récent rapport des Nations Unies et que 80% des surfaces cultivables dans le monde sont déjà utilisées, il va falloir trouver rapidement une alternative viable pour éviter une crise alimentaire mondiale.

Notre société moderne a longtemps cru que la mise en place d’une agriculture industrielle et intensive était la solution à l’insécurité alimentaire. Si ce modèle a fait ses preuves dans les pays développés pour accroître la production, de nombreux observateurs en ont montré les limites dès les années 60 pour notre écosystème naturel et l’être humain.

Ce modèle d’agriculture a en effet de nombreux impacts négatifs sur l’environnement : émissions de gaz à effets de serre (l’agriculture est l’un des secteurs qui émet le plus de GES avec l’industrie et les transports), appauvrissement des sols, perte de la biodiversité et activité hautement polluante (utilisation régulière de pesticides et d’engrais chimiques). Elle représente aussi 70% de notre consommation en eau au niveau mondial.

Face à ce constat, quelles solutions ? Imaginons un seul instant un système agricole qui serait l’exact opposé du modèle actuel : il séquestrerait les gaz à effet de serre, il purifierait l’eau et la terre, il serait autosuffisant et permettrait même la création d’écosystèmes pérennes… Irréalisable ? Non car ce modèle, aussi connu sous le nom de permaculture, existe déjà depuis les années 70. C’est le chercheur australien Bill Mollison qui l’a développé après avoir constaté les résultats destructeurs de nos méthodes agro-industrielles.

La permaculture est un modèle d’agriculture durable et autosuffisant. Elle s’inspire des modèles et des relations observés dans la nature pour obtenir une production abondante de nourriture. La philosophie de la permaculture consiste à travailler avec la nature et non contre elle. Contrairement à la monoculture (culture d’une seule espèce), largement utilisée dans l’agriculture industrielle, la permaculture utilise la polyculture (culture de plusieurs espèces sur la même parcelle).

Le « design agricole » est clé dans ce modèle : il faut savoir quelles espèces cultiver ensemble afin de maximiser le rendement des terres cultivées. In fine, les différentes espèces se protègent mutuellement et les déchets des unes sont les ressources des autres. Cela permet notamment l’arrêt de toute utilisation de pesticides et d’engrais chimiques.

Orange Bleue et Circul’R dans le jardin de permaculture à Casablanca

Orange Bleue et Circul’R dans le jardin de permaculture à Casablanca

Lors du passage de Circul’R au Maroc, ils ont pu constater sur le terrain les effets de ce modèle d’agriculture en rencontrant l’organisation Orange Bleue Maghreb. L’un des projets de cette organisation est la création d’un jardin biologique à vocation pédagogique dans un des quartiers défavorisés de la banlieue de Casablanca. Grâce à la permaculture, Orange Bleue a réussi à transformer une ancienne décharge de 2500m² en terres cultivables et durables. « Grâce à la permaculture, nous avons transformé des sols quasi morts en véritable bombe biologique » nous dit Hassan, l’un des fondateurs d’Orange Bleue Maghreb. La permaculture a presque un côté magique…

Il est donc possible de mettre en place un modèle d’agriculture durable. Mais il faut maintenant savoir répondre aux besoins alimentaires d’une population mondiale à la croissance exponentielle. Où se trouvera la majorité de la population d’ici 2050 ? Si 54% de la population vit en zone urbaine aujourd’hui, ce sera plus de 70% en 2050.

Alimenter les villes de demain est donc un véritable défi. Cette fois-ci c’est l’agriculture urbaine qui peut apporter une solution concrète. C’est d’ailleurs l’une des solutions recommandées par l’ONU et la FAO pour faire face aux besoins de sécurité alimentaire notamment dans les villes des pays en voie de développement.

L’agriculture urbaine fait référence à la production agricole en ville ou en milieu périurbain. Elle peut prendre différentes formes : jardins sur les toits, ferme urbaine, agriculture verticale (grandes tours où sont produits fruits et légumes), etc. Aujourd’hui, l’agriculture urbaine représente 15 à 20% de la production alimentaire au niveau mondial. Le récent boom de l’agriculture urbaine est le résultat de la migration croissante des milieux ruraux vers les milieux urbains. Les villes sont beaucoup plus exposées au risque d’insécurité alimentaire du fait de leur dépendance extérieure à l’approvisionnement en nourriture. D’où la nécessité de développer un modèle agricole adapté à la ville.

Au-delà de l’acquisition d’une indépendance alimentaire nécessaire pour les villes, l’agriculture urbaine a de nombreux avantages : création de « cycles courts » diminuant les coûts, les émissions en CO2 et le besoin en énergie fossile, enrichissement de la biodiversité en ville, lieu pédagogique favorisant la création de lien social et promotion des techniques de l’agriculture durable.

Le système d’agriculture urbain Noocity, économe en eau et en temps

Le système d’agriculture urbain Noocity, économe en eau et en temps

C’est au Portugal que Circul’R a pu, une autre fois, constater les bienfaits de ce type d’agriculture en rencontrant Noocity. Cette start-up a réussi à créer des boîtes qui permettent aux citadins de faire pousser leurs propres fruits et légumes en un temps record. Avec la mise en place d’un système d’irrigation innovant, ces boîtes permettent une économie de 80% en eau et les plantes cultivées ne nécessitent pratiquement aucun entretien.

La sécurité alimentaire va être un sujet de préoccupation mondiale dans les années à venir avec les faiblesses de la chaîne alimentaire actuelle, le changement climatique et la crise des combustibles fossiles. C’est un phénomène qui touchera aussi bien les pays en développement que les pays développés. Il est donc nécessaire de repenser notre modèle d’agriculture actuel afin de combattre la faim et la pauvreté tout en contribuant au développement d’écosystèmes durables et respectueux de la biodiversité.

La bonne nouvelle c’est que nous disposons déjà des solutions pour atteindre ces objectifs comme le montrent la permaculture et l’agriculture urbaine. Alors qu’attendons nous ?!

Par Circul’R